Signification et interprétation de la Mort
Treizième lame majeure du tarot, la Mort, également appelée « Arcane sans nom », indique la fin d’un cycle et de là, la transformation et la renaissance.
SIGNIFICATIONS INITIATIQUES ET/OU DIVINATOIRES DE LA MORT
« Je suis la mort qui tout dévore, et aussi la source de tout ce qui est à venir. » - Bhagavad gîta.
Qualités : Transformation, renouveau, renaissance. Fin d’un cycle. Nouveau souffle, nouvel élan. Passage, transition.
Défauts : Fin, rupture. Deuil, décès. Pertes. Crise. Négativité. Entropie. Blocage, frein, résistance. Embûches. Pessimisme.
Amours & Relations : Rupture ou statu quo. Stérilité. Besoin de changement. Remise en cause des relations.
Travail & Argent : Changement d’emploi ou de poste. Évolution ou reconversion professionnelle. Repartir à zéro. Héritage. Remise à zéro des comptes.
Ésotérisme et Magie : Œuvre au noir.
Message : Il faut tourner la page.
ASSOCIATIONS DE LAMES MAJEURES AVEC LA MORT
Rappelons que les cartes, oracles ou tarots, sont des supports de voyance et non des distributeurs de réponses automatiques. Interpréter une carte (ou une association de cartes) hors contexte, comme si celle-ci possédait un sens absolu, est la meilleure façon de passer à côté du message. Néanmoins, certaines combinaisons d’atouts peuvent donner des orientations :
La Mort + Le Bateleur : Nouveau départ. Changement radical. Travail pénible ou heures supplémentaires.
La Mort + La Papesse : Fin de contrat. Séparation. Contrariétés et embûches. Pertes financières. Faillite.
La Mort + L’impératrice : Rupture relationnelle. Décès ou rupture dans la famille. Personne lointaine, distante. Sensation d’être exploité dans le travail. Individu tirant profit des autres. Imprévus négatifs.
La Mort + L’Empereur : Moment inapproprié pour des projets ou des entreprises. Recul. Retrait des fonds. Projets annulés. Vente d’une entreprise. Lassitude. Fuite. Dépense non prévue.
La Mort + Le Pape : Difficulté à prendre les choses en main. Fuite des responsabilités. Transformation majeure. Métamorphose radicale. Rupture amoureuse probable. Héritage spirituel.
La Mort + l’Amoureux : Choix décisif ou radical. Transformation intérieure. Métamorphose. Ruptures libératrices.
La Mort + Le Chariot : Libération permettant d’aller de l’avant. Obstacles surmontés. Rupture amoureuse ou changement de situation bienvenue. Changement bénéfique. Déménagement, voyage ou départ.
La Mort + La Justice : Pourparlers ou paperasse administrative rendant un départ compliqué. Embûches. Deuil douloureux ou impossible. Divorce ou complications autour d’une rupture. Terme d’un contrat. Une source de revenus s’arrête.
La Mort + L’Hermite : Phase difficile. Solitude. Retrait. Crise intérieure inévitable. Corde raide. Pauvreté.
La Mort + La Roue de Fortune : C’est le moment d’agir, d’intervenir. Mise en mouvement. Opportunités.
La Mort + La Force : Tabula rasa. Grand ménage affectif ou professionnel. Remise des compteurs à zéro. Bouleversement, renversement des forces en présence. Destruction. Dépôt de bilan. Rupture avec des personnes toxiques.
La Mort + Le Pendu : Le temps a jonché le sol de cadavres : une tabula rasa doit être réalisées. Des ruptures et des destructions sont nécessaires pour avancer. En cas de placement financier, il est temps d’en récolter les fruits ou de récupérer ses fonds. Le temps qui passe. Saturne. Les récoltes. Selon les mesures prises : renversement de situation ou stase complète.
La Mort + La Tempérance : Prudence, retenue et lenteur. Maîtrisez vos impulsions. Temporisez. Ralentissez. Économies.
La Mort + Le Diable : Mauvaise surprise. Obstacles, contraintes. Ennemis, agressivité. Maladie. Fragilité immunitaire. Relation toxique. Transactions illégales. Changez de tactique ou d’approche.
La Mort + La Maison Dieu : Situation ou relation à fuir. Une mauvaise nouvelle vous bouleverse. Coup du sort. Risque de faillite. Hémorragie financière. Trouvez une issue de secours.
La Mort + L’Étoile : Travail de longue haleine. Accumulation patiente. Quelque chose cloche dans la relation. Avarice ou économies.
La Mort + La Lune : Risque d’échec ou de faillite. Danger. Risque de perdre le contrôle de la situation. Eaux troubles. Déprime, angoisse.
La Mort + Le Soleil : Renouveau. Début d’un nouveau projet. Vous devez faire face à une nouvelle situation. Récolte de ce qui a été semé. Nouvelles rencontres.
La Mort + Jugement : Bilan personnel, professionnel ou financier. Vous apprenez quelque chose de troublant. Crédit ou apport financier.
La Mort + Le Monde : Changement de situation positif. Fin des ennuis. Nouveaux projets prometteurs. Transformation profonde. Le succès arrive. Guérison. Issue heureuse. Dans de rares cas : décès.
La Mort + Le Mat : Situation stérile, enlisement. Passivité. Lassitude. Ras-le-bol. Licenciement ou chômage. Vous traînez le poids du passé.
Quelques associations avec trois cartes :
La Mort + Le Bateleur + Le Chariot : Déménagement. Départ.
La Mort + Le Bateleur + La Justice : Héritage ou conclusion d’une affaire judiciaire.
La Mort + Le Bateleur + La Roue de Fortune : Chute. Évolution négative. Mauvaises surprises.
La mort + L’impératrice + Les Amoureux : Éloignement dans le couple. Rupture.
La Mort + L’impératrice + Le Chariot : Changement d’orientation professionnelle. Passion dangereuse. Relation qui « va dans le mur ».
La Mort + L’impératrice + La Maison Dieu : Licenciement professionnel ou rupture amoureuse sans retour.
La Mort + La Force + La Roue de Fortune : Fin d’une période difficile. Fin des épreuves. Retour de la chance.
La Mort + Le Pape + Le Pendu : deuil ou dépression dans l’entourage. Crise relationnelle.
La Mort + Le Diable + La Lune : naufrage professionnel ou affectif.
SYMBOLISME ET HISTOIRE
« Je suis l’importune et la cruelle que vous appelez sourde et aveugle, ô vous pour qui il fait nuit avant le soir […]. J’arrive quand on ne m’attend pas et j’ai interrompu mille projets vains. » - Le triomphe de la mort, Pétrarque.
Un squelette armé d’une faux moissonne un sol d’où émergent des végétaux, des mains et des têtes humaines. Cette allégorie, connue dans le folklore occidental sous le nom de « la Faucheuse » ou « la Grande Faucheuse », a fait son apparition au 14e siècle, à la suite de la grande épidémie de peste qui décima environ un tiers de l’Europe. Jusque-là, depuis les débuts de l’ère chrétienne, la mort était associée au jugement dernier et représentée sous les traits du quatrième cavalier de l’apocalypse, dont il est dit : « Et je vis paraître un cheval pâle ; et celui qui était monté dessus se nommait la Mort, et l’Enfer le suivait ; et le pouvoir leur fut donné sur la quatrième partie de la terre, pour faire mourir les hommes par l’épée, par la famine, par la mortalité, et par les bêtes sauvages de la terre » (Apocalypse, 6 : 8). Les artistes la montraient donc comme un personnage juché sur un cheval piétinant les vivants, parfois tenant un arc, occasionnellement sous la forme d’un démon ailé ou d’un ange.
Ce n’est qu’à partir de la deuxième moitié du 13e siècle que les peintres commencent à figurer des ossements ou des corps à demi putréfiés. On rencontre tout d’abord le thème « des trois vifs et des trois morts » : trois voyageurs, généralement des nobles, rencontrent en chemin trois défunts qui les exhortent à se repentir. Puis, après la grande peste qui frappa l’Europe au milieu du 14e siècle, apparaissent les premières « danses macabres » exhibant des cadavres entraînant les vivants dans une inexorable farandole. À ces représentations, abondantes dans le nord de l’Europe, l’Italie préfère des « triomphes de la mort » montrant la Faucheuse emportant avec la même indifférence les rois, les papes et les gens du peuple.
L’expression elle-même, « Trionfo della morte », apparaît en premier lieu sous la plume de Pétrarque. En 1374, le poète met le point final à cette œuvre en dix chapitres, destinée à connaître un immense succès. Le « Triomphe de la mort » est en troisième position, avant celui de la Renommée. S’y trouve évoqué le principe d’égalité devant le trépas des miséreux et des puissants, ainsi que la vanité des biens et des gloires terrestres : « Là étaient ceux qui furent appelés les heureux : pontifes, rois et empereurs. Maintenant ils sont nus, pauvres et misérables / Où sont maintenant leurs richesses ? Où sont les honneurs, et les pierreries, et les sceptres, et les couronnes, et les mitres, et les vêtements de pourpre ? / Malheureux qui place son espoir sur les choses mortelles ! — Et qui donc ne l’y place pas ? — S’il se trouve, à la fin, trompé, c’est bien juste ». Et même si dans le texte, la mort est décrite comme « une femme enveloppée dans un vêtement noir », les artistes lui conféreront plutôt l’apparence d’un squelette, juché sur un cheval ou un char et foulant l’humanité sous ses roues. Par ailleurs, elle porte désormais l’outil de Cronos, le dieu du temps : la faux.
Or, l’œuvre de Pétrarque, ainsi que l’iconographie qui lui emboîte le pas, aura une énorme influence sur le tarot. Le plus ancien jeu connu, appelé Visconti di Modrone ou Cary-Yale Visconti et qui ne comptait vraisemblablement qu’une quinzaine atouts, a probablement été créé à l’occasion du mariage entre Francesco Sforza et Bianca Maria Visconti, en 1441. Trois représentations de la Mort appartenant à différentes versions de ce jeu ont survécu, deux confectionnées pour la famille ducale de Milan et une pour la famille ducale de Ferrare. La première de ces cartes montre un squelette ricanant, auquel sont encore accrochés des lambeaux de chair, juché sur un cheval piétinant les vivants. Comme l’écrit l’auteur du blog The Tarot Wheel : « Si cette carte a été conçue pour effrayer la progéniture d’une riche famille du nord de l’Italie, l’artiste a assurément atteint son objectif ! » Sur la seconde carte, la mort tient un arc et sur la troisième, elle ratisse les vivants à coup de bâton.
Les tarologues contemporains ont tendance à l’euphémisation de cette carte, s’efforçant d’y voir absolument tout, sauf la mort. Waite précise ainsi dans son ouvrage The Pictorial Key to the Tarot (1910) que cet arcane « doit être compris mystiquement et non littéralement ». Or si cette carte connote en effet ce que permettent les tabula rasa de toute nature (renaissance, nouveau départ, transformation), elle signifie aussi et avant tout, le terme de quelque chose.
LETTRE HÉBRAÏQUE
La lettre hébraïque associée à l’arcane sans nom est le Mem. Mayim, en hébreu, signifie « les eaux ». La lettre Mem renvoie à la mer, l’océan primordial dont tout émerge et où tout retourne. Sa graphie dessine un ventre ou un utérus, une matrice. Elle est un lieu de gestation et de transformation. Enfin, Mem est la première lettre du mot met, qui signifie « mort ».
